A coeur ouvert

Il y a 8 mois de cela je ne savais pas encore quelle aventure j’allais vivre, j’étais loin d’imaginer d’avoir le coeur aussi lourd au moment de prendre l’avion pour le retour. Ce pays m’a tant apporté et donné et cette population si attachante va me manquer. Je ne sais ce que demain sera fait mais le Népal m’a beaucoup aidé tant au niveau professionnel que personnel. La rédaptation risque d’être difficile après tant de bonheur mais de nouveaux projets sont en train de voir le jour, et ce, grâce à cette belle aventure.  Merci à Rock’n Wood pour tous ces rires, joies et moments inoubliables et merci à ces personnes que j’ai pu rencontrer dont certaines vont me manquer. Qu’une envie, revenir dans ce pays.

Ma timilaai maya garchhu Népal ❤

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L’humanitaire, ma vie pour les autres

DSC06165Chaque année, en France, environ 12 millions de personnes s’engagent dans l’une des 1,3 million d’associations françaises, parmi lesquelles 10 000 à 15 000 œuvrent pour de l’humanitaire.

Donner de son temps aux autres, telle est la signification de l’humanitaire. Devenir bénévole est parfois, avant tout, une recherche de soi, une envie de sortir de sa zone de confort, une volonté de faire preuve de dévouement, d’altruisme ou encore, tout simplement, un souhait de se sentir utile dans ce monde. Chaque bénévole a sa propre motivation et sa propre définition du bénévolat.

Pour ma part, voilà 6 mois que je suis bénévole au Népal pour cette association humanitaire, Rock’n Wood, qui a vu le jour il y a deux ans à la suite des séismes de 2015. Son objectif principal est de reconstruire les zones sinistrées avec la construction d’écoles, de maternité ou encore d’un centre communautaire.

Si j’ai fait le choix de m’engager pour ce pays, c’est avant tout par envie de venir en aide auprès d’humains : qu’y a-t- il de plus beau que l’entraide ? Que d’aller à la rencontre d’une autre culture ? La seconde raison pour laquelle j’ai voulu m’engager pour ces huit mois de bénévolat était de me surpasser : quitter son confort, oublier les bons plats français et laisser loin sa famille et ses proches le temps de cette mission. Enfin, en tant que journaliste reporter d’images, je pense que cette mission va m’aider à aller de l’avant et être bénéfique pour mon avenir professionnel.

Qui dit faire partie d’une mission humanitaire dit recrutement. Pour ma part, contrairement aux autres, j’ai appris un mois avant mon départ que je passerais les huit mois suivants au Népal. Lorsque nous partons à l’étranger, il est indispensable de se préparer, que ce soit physiquement en ayant une bonne santé, mentalement en ayant un bon moral et un esprit aventurier car parfois notre confort nous manque énormément, et encore se préparer administrativement et financièrement. En effet, entre le visa, l’assurance santé et les billets d’avion, un voyage se prépare et peut parfois coûter cher. Ici, au Népal, il faut compter environ 50 euros par mois pour le visa, et l’assurance santé peut monter jusqu’à 30 euros par mois ; ce qui nous fait déjà 80 euros à débourser tous les mois. Sans compter le billet d’avion qui peut monter jusqu’à 400 euros l’aller. Évaluer son budget est une nécessité lorsque nous voyageons, d’autant plus lorsque nous partons faire du bénévolat car nous ne recevrons aucune somme d’argent pour couvrir ces frais. Pour pouvoir bien aider les autres, il ne faut pas se mettre soi-même dans des conditions difficiles.

Avant de partir, j’étais consciente des sacrifices que j’allais devoir faire pendant ces huit mois : laisser mon confort de côté, oublier la nourriture française ou encore faire un travail sans la compensation par un salaire. Parfois je peux aussi me demander pourquoi je suis là ? Notamment lorsqu’on est malade parce qu’on a mangé ou bu quelque chose d’indigeste ou encore pendant toutes ces heures de transport dans les bus locaux qui nous trimbalent dans tous les sens. Mais, cette question, je l’oublie très vite car, à côté de toutes ces mauvaises surprises, il y a aussi tout ce côté magique du Népal et de cette expérience en général.

En effet, même si parfois la vie de bénévole dans l’humanitaire, surtout dans un pays sous développé, peut être fatigante, cette expérience reste merveilleuse de par ces rencontres, surtout celles dans les villages : cette population est tellement touchante et généreuse que je me demande souvent pourquoi en France, le pays d’où je viens, il y  a autant de personnes insatisfaites parce qu’elles perdent quelques euros sur leur salaire ou parce que le train à quelques minutes de retard ? Plus mon retour approche, plus je me demande comment je vais faire pour me réhabituer à cette routine.

Être bénévole dans un pays qui a une tout autre culture nécessite aussi de devoir s’adapter. S’adapter aux difficultés liées à la langue : dans chaque pays, la barrière de la langue est une chose qui parfois peut être bien difficile à surmonter. S’adapter au confort local (toilettes à la turque, douche à l’extérieur avec une bouteille d’eau, sommeil dans le froid …). Ici, surtout dans les villages, les personnes mangent avec les mains et le papier toilette n’existe pas. Je me souviens par exemple d’une fois où j’étais dans un bus : une petite fille était malade, elle avait vomi sur elle ; j’ai donné mon paquet de lingettes pour le corps au papa pour qu’il puisse nettoyer sa fille. Mais comme il ne savait pas ce que c’était ni comment il fallait ouvrir le paquet, j’ai dû lui montrer. Tous ces détails comportent néanmoins énormément de positif car ils nous rappellent combien nous avons de la chance d’être français.

Lorsque je voyage, même si sur le coup il m’est parfois difficile de ne pas craquer quand je suis confrontée à tous ces moments difficiles, je les apprécie cependant car ils m’aident à me rappeler et à apprécier d’autres moments de plaisir, tels que faire une discussion par vidéo avec mes amis et ma famille, recevoir des colis avec des douceurs de mes proches ou encore expliquer mon voyage à d’autres personnes. Sans les premiers (moments difficiles), les seconds (instants de bonheur) ne seraient pas aussi magiques !

Mon travail consiste à me déplacer toutes les semaines dans un des villages pour filmer l’avancée des travaux. Et là aussi, ce sont encore de bons moments grâce à la rencontre avec les habitants locaux ; me rendre dans ces villages et vivre quasiment comme eux m’aident à progresser dans l’apprentissage de la langue népalaise ; alors qu’en ville il est plus difficile d’apprendre leur langue parce que tout le monde parle anglais.

Avant de partir, j’appréhendais beaucoup mon adaptation, surtout au niveau du confort. Mais finalement j’ai pu m’adapter rapidement au fait de dormir parfois dans le froid, de me priver de mes petits plaisirs tel que le chocolat ou encore d’oublier mon petit côté féminin le temps de quelques mois. Toute cette expérience, tous ces échanges autour d’un repas dans une maison construite avec de la tôle, et encore tous ces moments de rigolades et de joies avec eux m’aident à voir la vie autrement et à prendre les choses différemment. Si aujourd’hui je suis certaine d’une chose, c’est que je suis capable d’exercer le métier que j’aime dans n’importe quelles conditions et que j’aimerai toujours autant aller à la rencontre d’autres cultures.

Je suis bénévole dans l’humanitaire pour aider, mais j’ai parfois l’impression que ce sont ces personnes, les népalais, qui me viennent en aide. Alors, dhanyabad, merci, à ce pays et à cette population si attachante pour son accueil, sa générosité et son aide. Merci aussi à toute cette famille Rock’n Wood sans laquelle cette aide n’existerait pas.

« La terre est ma patrie et l’humanité, ma famille » Khalil Gibran